A N A L Y S E

 

Féerie :

Rencontres Imaginaires...

Avant-propos en guise d'introduction En guise d'introduction, disons-nous, car il n'existe pas vraiment d'introduction au monde de la féerie. C'est à dire que nul ne peut vous y introduire. Le fait est qu'ils vous acceptent carrément comme un des leurs ou pas du tout. En vérité il peut arriver qu'un mortel parfaitement incrédule soit néanmoins capturé -ou captivé ?- par le monde de Féerie et sa finalité. D'autres
pourront flâner éternellement dans les clairières embrumées ou communier avec la nature au fond de leur jardin
(qu'on dit à tort être un endroit d'élection pour les fées) sans y trouver rien d'autre qu'une humidité généralisée.


Les rapports avec les esprits sont très différents dans la réalité de ce que racontent généralement les légions
d'histoires sentimentales, celles qui se terminent inévitablement par : « ils vécurent heureux pour toujours ».
L'univers d' « II était une fois » -si charmant et si précieux qu'il soit- n'est pas le vrai monde de Féerie...
Féerie représente la puissance des pouvoirs magiques incompréhensibles pour les humains et par là même hostiles. On doit toujours garder en tête que si le monde de féerie dépend largement des humains, les esprits sont des créatures dont l'éthique et les valeurs sont très loin de celles de l'humanité : ils ne pensent pas comme
les humains, et surtout ils ne sentent pas comme eux...
Alors méfiance... avant de continuer plus avant votre lecture, vérifiez donc sous votre siège s'il n'y a vraiment
personne... !
Non ?... alors continuons...

C'est précisément la raison essentielle de l'envie qu'ils éprouvent envers les mortels, la cause de la plupart des ennuis qu'ils leur procurent, car les elfes sont la vie à l'état brut. Toutes les formes de créativité, tous les moments d'émotion intense les attirent. Amoureux, poètes, artistes, écrivains, sculpteurs, musiciens et autres..., tous les artistes, en vérité, ont une dette envers cette force sans nom, invisible et capricieuse, sensible et
délicate, puissante et insaisissable, qu'on appelle l'inspiration, ou la Muse, et qui est irrésistible lorsqu'elle se manifeste...J'ai bien dit « lorsqu'elle se manifeste » ! Que ce soient les principales caractéristiques de Féerie n'est pas une coïncidence, et c'est ce qui doit nous la rendre infiniment précieuse.

Féerie est un univers d'enchantements nocturnes, de beauté fascinante, de laideur gigantesque, de masques impitoyables, d'humour, de joie et d'inspiration, de terreur et de rire, d'amour et de tragédie, un univers bien
plus riche encore que les contes ne nous le font croire. C'est de plus un monde où il ne faut pénétrer qu'avec les plus grandes précautions, car les esprits ont par-dessus tout en horreur la curiosité des humains maladroits qui
envahissent leur domaine (vous savez, la tondeuse du dimanche matin...) comme autant de touristes malappris.
Allez . donc doucement.. .si le but est enchanteur, le danger est réel...

Mais dépêchez-vous quand même car il sera bientôt trop tard pour prendre ces risques délicieux, les dégradations que subit notre monde dégradent en même temps nos rapports avec Féerie.
Les mythes et légendes qui courent sur Féerie sont nombreux, variés, souvent contradictoires. Une seule chose est sûre : rien n'est certain.
Depuis les premiers temps le mystère de Féerie est l'objet de spéculations humaines.
Que sont les esprits? D'où viemient-ils ? La mythologie nordique rapporte que les vers sortis du cadavre du Géant Ymir se transformèrent en Elfes de Lumière et Elfes de la Nuit. Les premiers, qui vivent à l'an-libre, sont des heureux et bienveillants, tandis que les elfes noirs, qui habitent les profondeurs de la Terre, sont sinistres et
malfaisants.
D'un autre côté, la version islandaise raconte qu'Eve était à la rivière pour laver ses enfants quand Dieu lui a parlé. Dans sa terreur sacrée elle dissimula les enfants qu'elle n'avait pas encore lavés. Dieu lui demanda s'ils étaient tous là et elle répondit que oui. Alors il annonça que ceux qu'elle lui avait dissimulés resteraient hors de vue des humains. Ces enfants devinrent les elfes ou esprits que les pays Scandinaves appelèrent le Peuple des Huidre. Les filles de ce peuple sont d'une beauté exceptionnelle ; mais elles sont inexistantes par-derrière, réduites à une façade splendide qui reproduit la tromperie d'où elles sont nées.
Ailleurs on croit que les elfes sont des anges déchus, ou âmes perdues, contraints de vivre éternellement entre
les deux mondes, dans les régions crépusculaires du Royaume du Milieu.

             

  Pierre Dubois                                                                   Philippe le Stum


Le Royaume de Féerie

Où se trouve Féerie ? C'est un pays insaisissable. Parfois juste au-delà de l'horizon , parfois sous nos pieds.
Il y a pourtant eu des périodes où l'on pensait que ce royaume avait une position géographique, même si elle avait tendance à se déplacer.
Par exemple, les Gallois ont cru d'abord qu'il se trouvait au nord de leur contrée montagneuse, puis à l'ouest, sur une presqu'île mystérieuse, les rochers embrumés du Pembrokeshire. Plus tard on le plaça dans une île au large de la côte du Pembrokeshire, dans la mer d'Mande. Des marins l'apercevaient, voire y débarquaient, mais c'était pour disparaître ensuite de manière inexplicable. Les irlandais, pour qui l'île fantôme se situait à l'ouest, l'appelait Hy Breasail. Pour les anglais il s'agissait de l'île de Man, et de cette île nous viennent de nombreux récits sur le royaume des elfes.
Avalon est probablement la plus célèbre des îles de ce royaume. Le Roi Arthur de la légende, décrit par Lydgate, un poète du XVe siècle, comme le « Roi couronné en Féerie », y fut transporté, mortellement blessé, pour y être soigné par quatre reines des fées. On pense qu'Arthur repose encore là-bas au milieu de ses chevaliers, au cœur
d'une colline enchantée, plongé dans un profond sommeil. Que menace la ruine et il s'éveillera pour régner à nouveau sur ces terres.

Le pays de Féerie peut apparaître n'importe où par surprise, dans tout son éclat, et disparaître tout aussi vite. Ses frontières nous entourent, faites de crépuscule et de brume, de chimères et de lueurs, et elles peuvent se retirer comme la marée pour dévoiler Féerie avant de revenir la dissimuler à nouveau...
Les habitants de ce royaume se partagent, selon leur habitat, en espèces différentes. S'il existe des esprits solitaires et isolés, beaucoup d'elfes des campagnes habitent les forêts (ou souvent « adoptent » un
arbre ; du coup l'arbre et son hôte deviennent quasiment synonymes), les prairies, les collines et les grottes à flanc de montagne. Il y en a qui vivent dans des îles enchantées, dans des domaines sous-marins ; on rencontre aussi des esprits aquatiques dans les mers, les lacs et les rivières. Enfin il y a les esprits domestiques —farfadets et autres- ceux qui hantent les maisons...

II n'est recommandé à personne d'empiéter sur les collines des esprits...Mais les observateurs discrets ne rencontrent pas d'objections et leur amitié peut même trouver sa récompense. Si, malgré tout, les elfes hésitent à sortir de leurs cavernes, on peut en découvrir l'entrée en faisant neuf fois le tour de la colline par nuit de pleine
lune...(ne souriez pas, vous risqueriez de les vexer...) La porte alors apparaîtra clairement. Ceux qui n'ont pas le courage de pénétrer dans la demeure des elfes pourront coller une oreille sur le sol et entendre les échos des réjouissances du H est clair qu'on ne peut envahir à la légère la demeure des esprits. Bien mal inspiré celui qui choisit de construire sur un terrain où viennent les elfes, car le petit peuple est parfaitement capable de maison, château ...si son emplacement lui déplaît.
En Irlande on construisit une maison dont un angle empiétait sur un chemin emprunté par les elfes. Chaque nuit la bâtisse se trouva agitée d'un tel fracas qu'on crut qu'elle allait s'écrouler. Elle ne retrouva le calme qu'après qu'on eut démoli l'angle fautif. Dans des cas de ce genre le problème a été en partie résolu : la nuit, on laisse ouvertes les portes de la maison, devant et derrière , pour laisser le passage aux elfes. Malgré le résultat plutôt frisquet
de cette opération, beaucoup de petites maisons irlandaises, par précaution, ont une porte d'entrée qui fait face à la porte de derrière...
Un des thèmes qui revient le plus souvent dans la mythologie européenne est celui des Iles Enchantées, ou Iles
Bienheureuses, qui se trouvaient dans les mers occidentales, au-delà du soleil couchant. Les irlandais semblent connaître un grand nombre d'îles... les plus réputées sont peut-être Tir Nan Og, le Pays de la Jeunesse ; Tirfo Thuinn, le Pays Sous-les-Vagues ; Tim Aill, l'Autre Monde ; Mag Mell, la Plaine du Plaisir ; Tir Tairngire, la Plaine du Bonheur.

Ces îles, qu'elles soient la demeure des elfes, des dieux, sont des lieux d'abondance, de bonheur et de paix. Pas
de gelées ni de sécheresses, mais un étemel printemps ; pas de vieillesse, pas de maladies, pas de travail ( !),car tout croît sans labour ni semailles et les arbres portent des fruits en toutes saisons.
Certaines de ces îles flottent, d'autres sont submergées et ne viennent à la surface des eaux que la nuit. Pour que ces îles demeurent en surface, il faut y poser le fer ou le feu ; c'est ainsi que Hy-Breasail est émergée depuis qu'on y lança une flèche chauffée au rouge. Cependant elle se dérobe encore à ceux qui la recherchent,
même si les premières cartes l'ont indiauée et aue plusieurs expéditions d'importance ont été lancées par les
marchands de Bristol, entre autres, pour la repérer. On lui accorde généralement une forme circulaire divisée en deux par un large fleuve, ce qui n'est pas très éloigné de la description que Platon fit d'Atlantis.

 


Coutumes de Féerie

Les habitants de Féerie sont de tempérament complexe et leur conduite est dictée par des règles très éloignées des nôtres. Quels que soient leur taille, leur aspect ou leur caractère, la plupart de ce petit monde possède des pouvoirs magiques... Quelles que soient les relations qu'on entretient avec les elfes, l'attention et le respect qu'on leur témoigne sont de la plus grande importance. Un rien suffit pour qu'ils se sentent offensés et malheur à celui
qui croit pouvoir prendre quelques libertés...
Le Royaume de Féerie est lié au monde des humains de plusieurs manières. De nombreux esprits, par exemple les
Farfadets s'attachent à des familles de mortels (on peut dire aussi que les Vampires « s'attachent » à des familles
mais, vous l'aurez compris, c'est avec des motifs entièrement différents... )
Néanmoins la voie qui mène à l'amitié de ces êtres est pleine de périls et on ne doit y porter ses pas qu'avec les plus grandes précautions. Combien de Farfadets utiles et amicaux se sont soudain changés en Nobiots malveillants et grossiers à la première insulte, voire sous le prétexte d'une simple moquerie !

Personne n'est plus vulnérable que celui qui se promène seul de nuit mais ouf !.. .il y a différentes méthodes éprouvées pour se protéger...vous n'aurez plus qu'à choisir.. .en cas de besoin : - l'utilisation de vêtements retournés. Un gant retourné jeté dans la ronde des Fées dispersera les danseurs...
- les cloches, le sorbier et le fil rouge. Chez les écossais, un ruban rouge accrochédevant la porte d'entrée éloigne
les... sorcières...
- des chaînes de pâquerettes, du millepertuis... Une recette médicinale anglo-saxonne contre les elfes : broyer de la myrrhe dans du vin avec une même quantité d'encens blanc. Ajouter un peu de poudre en raclant une pierre d'agate. (Si après ça, certains disent encore qu'on ne sait pas faire la cuisine à Délirium !). Boire le mélange
après une nuit de jeûne, ou trois matins de suite, ou neuf, ou douze (si vous aimez vraiment ça...).

On appelle généralement « charme » le camouflage qu'emploient les elfes pour se protéger, ce qui fait souvent croire aux humains qu'ils ont affaire à un de leur semblable.

Le charme...
« Peut faire d'une dame un chevalier, Une noix sembler une barque dorée, Une cabane un palais imposant,
La jeunesse vieillesse et l'âge la jeunesse, Tout était illusion et rien n'était plus vrai. »
Le Lai du Dernier Ménestrel, Réginald Scot

Et si les panthéons peuplés par les dieux du tonnerre, de la guerre, de l'amour, et la poésie ont survécu dans les manuscrits classiques et médiévaux, les dieux plus simples de la campagne, racontés par la tradition orale ne seraient-ils pas devenus les elfes ?...   Christelle Le Gallo   llustrations Jean L . Biston

 

           

Terry Jones / Brian Froud                                                     Edouard Brasey

 

 

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