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La  Culture  au   Sommet  de  son  ArtLundi 22 Janvier 2007  St Vincent                                                                   delirium.lejournal@free.fr    

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Sur Delirium Le Journal

Interview

Majid Rahnema

Pauvreté:

volontaire, conviale et modernisée

Lille, librairie Arbre à Lettres, Majid Rahnema nous donne un aperçu de Quand la misère chasse la pauvreté son excellent et très riche ouvrage consacré à la pauvreté par rapport à notre monde "globalisé".

Idée

Je ne sais pas moi-même comment est venue l’idée de faire ce livre car je me suis toujours intéressé à l’édition depuis mon enfance.

Je crois qu’à part l’intérêt général, c’est vraiment après avoir pris ma retraite des Nations Unis en 1985 que j’ai eu envie de me pencher sérieusement sur la publication d’un livre. Vers la fin de mon mandat à l’ONU le responsable de l’Unita qui savait mon intéressement à la pauvreté m’a demandé un rapport sur la pauvreté, thème qui faisait l’objet d’une conférence qu’il préparait. Il me donnait 6 mois pour le faire. J’ai accepté de lui concevoir le rapport tout en lui faisant savoir que je ne savais ce qu’était la pauvreté. Je lui ai donc demandé de poser mes doutes par rapport à la pauvreté. C’est vraiment à ce moment précis que je réfléchissais sur ce qu’était la pauvreté. Je savais que le mot couvait quelque chose mais plus j’approfondissais le sujet plus je voyais qu’il évoquait des sujets très différents. J’avais de la peine à prendre les pauvres pour des bons à rien. Je n’aimais pas cette espèce de confusion qui était toujours établie entre la pauvreté et la misère. Après avoir fait ce rapport je l’ai laissé dans les tiroirs des Nations Unis car je touchais à des points sensibles dont j’avais des doutes. J’ai reçu ensuite une bourse d’un an du Centre international de recherche et de développement. C’était une bourse très intéressante puisque je n’avais aucun engagement pour l’orientation de mon travail. Au cours de ce travail j’allais dans toutes les directions. Dans les université anglo-saxonne quand on vous invite à donné des cours alors que vous n’avez pas de formation académiques, à partir du moment ou le corps enseignant décide que tel sujet est intéressant et qu’il y a suffisamment d’étudiants que cela intéresse, vous avez libre cours de donner la orientation que vous désirez à votre cours. J’ai alors enseigné presque continuellement sur la pauvreté et chaque fois le cours avait une dimension différente. Un moment donné je ne voulais plus faire de livre sur ce sujet jusqu’au jour je me suis décidé à m’y mettre sérieusement. Et lorsque l’éditeur m’a proposé de publier le livre j’ai du refaire tout le travail. Voici l’historique du livre.

Différence

Cela m’évoque le monde tel qu’il est, avec toute sa diversité et ses différences.

Communauté

C’est le cœur de ce que j’appelle la pauvreté conviviale, c’est à dire toutes les sociétés où le monde est conçu comme celui de l’abondance.

Partage

C'est la plus belle qualité humaine représentée un mot très riche.

Pouvoir

C’est pour moi l‘inverse de ce l’on appelle généralement pouvoir c’est à dire le fait d’autres gens arrive à changer la conduite d’autres personnes. Ce n’est pas le fait d’exercer mais la nature de ce qui fait que quelqu’un met en œuvre pour changer la conduite des autres.

Pauvreté

C’est un mode de vie basé sur l’éthique de vivre en partageant des manières de dire et de faire des choses mais aussi ce que l’on a en commun.

La pauvreté est une condition sociale qui est aussi étrangère à la condition des pauvres, que l’est l’après-développement dans le cas d’une population diagnostiquée comme sous-développée. Il y a autant de conditions différentes de la pauvreté qu’il y a d’humains. Les pauvres sont souvent pris comme un sujet de manque. Or si l’on prend cette approche, tout le monde, sans exception souffre d’un manque. Par conséquent, tout le monde peut être considéré, d’une manière ou d’une autre, comme pauvre.

Historiquement, la pauvreté a représenté des conditions très différentes dans les sociétés humaines. Pendant des millénaires, cette conditions était inexistante. Les gens étaient pauvres selon nos critères, mais ils ne se considéraient pas comme pauvres. La pauvreté est une invention de la civilisation et nous avons assisté à un passage de l’adjectif au substantif.

Je distingue quatre formes principales de pauvreté qui sont bien définies dans mon livre.

  • La pauvreté volontaire qui représente un choix libre et éclairé pour un mode de vie basé sur une éthique de simplicité, de frugalité et de respect pour le prochain. Elle exprime le désir de se libérer de toute forme de dépendance matérielle qui, selon le choix et le sujet de ce choix, risquerait de nuire à son plein-être. Cette pauvreté représente une forme suprême de richesse, synonyme d’une autre idée de liberté, d’autonomie et de nécessité. C’est une libération de tout asservissement et dépendance. C’est la pauvreté comme l’expression de liberté. L’exemple le plus révélateur est celui du Christ.

  • La pauvreté conviviale qui repose généralement sur une vision religieuse du monde et sur une économie morale dont les particularités dépendent des sociétés qui l’ont nourrie. Elle puise sa force principale dans les richesse créées et partagées par les membres d’une communauté à travers les rapports qu’ils établissent entre-eux et avec leur environnement naturel et physique. Les membres d’une société conviviale ne représentent pas des individus au sens moderne du terme. Dans la société conviviale, le monde n’est pas conçu comme celui de la rareté, mais celui de la baraka et l’abondance. Dans ce cas, la communauté définit le nécessaire à partir de ce qu’elle peut produire. Il y a donc un contrôle des désirs et des envies.
  • La pauvreté modernisée est le fait d’une société qui subordonne toutes activités humaines à la production de " biens matériels " perçues comme seules sources de richesse, mais où, tout le monde est finalement pauvre, dans la mesure où personne, pas mêmes les riches, n’arrivent à satisfaire les besoins qu’ils se sont fabriqués. La pauvreté modernisée est le produit direct d’une économie souveraine dont la croissance passe par la colonisation de tous les rapports sociaux et culturels.

Misère

C’est le contraire de la pauvreté. Toute l’histoire de la pauvreté est celle des rapports entre deux espaces, l’espace intérieur et l’espace extérieur. Ces deux espaces sont interactifs. Cependant c’est l’espace intérieur du sujet qui construit, en dernier lieu, sa pauvreté ou sa richesse. C’est l’espace intérieur que se décide ce qui est nécessaire et ce qui est superflu à la vie, où se définissent les besoins et les manques. C’est aussi dans cette espace que se construisent ce que j’appelle les lits de pauvreté.

La misère apparaît lorsque ces lits craquent. Lorsque l’espace intérieur s’appauvrit à tel point qu’il ne peut plus se construire un bouclier contre l’adversité qui lui vient de l’espace extérieur. Dans le langage économique, cette misère est confondue avec la pauvreté. Elle lui est identifiée et est définie par un manque de ressources ou de revenus de caractère purement économique et matériel.

Économie

L’économie moderne a complètement renversé l’ordre des choses. Elle est aujourd’hui appelée à produire, rien que pour produire. Produire, pour s’enrichir, elle-même, donc produire, non seulement pour tous ceux qui peuvent lui rapporter le plus d’argent, mais aussi pour ceux qui ont plus d’argent. Certainement pas pour les pauvres qui ne font partie d’aucun des deux groupes. La fonction principale de l’économie moderne n’est pas de servir les pauvres.

Le sens de l’économie dont dépend la pauvreté modernisée a totalement changé par rapport à ce que ses inventeurs, les Grecs, avaient baptisé du nom " d’oekonomia ". C’est une science de la maisonnée dont la première fonction était de construire pour les besoins de la famille et de ses proches. Plus tard, en élargissant son champs d’action à des groupes sociaux de plus en plus large tard elle a continué, pendant des siècles, à produire, en premier lieu pour ceux qui en avaient besoin. Cette économie était là pour servir des besoins existants et culturellement définis.

Occident

Je me demande ce qu’est l’occident. C’est un concept qui ne réponds à aucun des caractères de ce mots. A partir de quoi une partie du monde est l’occident ? Je prépare un livre sur tous ces mots amibes dont la définition est orientée par rapport du soi-disant occident, je veux parler de mot comme modernité par exemple.

Recueillis par N.A. (juin 2003)

Quand la misère chasse la pauvreté Ed Fayard

 

 

  Concours de Nouvelles  thème: Rupture

 

      

                                    Firouzeh Nahavandi

Biographie   MAJID RAHNEMA
Iranien de naissance, Majid Rahnema avait vingt ans lorsqu'il a commencé sa longue carrière diplomatique, qui lui a fait connaître Paris aussitôt après la libération, Moscou dans les années 1950-1954, et les Nations unies à New York et à Genève (de 1957 à 1972). Au cours de cette dernière période, il a pris part activement aux politiques de décolonisation et de lutte des pays du Tiers Monde pour un nouvel ordre
économique mondial. Elu Commissaire des Nations unies pour le Rwanda en 1959, il a supervisé les élections et le référendum qui ont mené ce pays à l'indépendance.
Après avoir représenté son pays pendant plus de dix ans comme Ambassadeur délégué auprès de l'Assemblée générale des Nations unies, puis comme vice-Président du Conseil économique et social de cette organisation, il a été ministre des Sciences et de l'Enseignement supérieur en Iran entre 1967 et 1971, date à laquelle il a démissionné pour entamer un projet de développement de base avec les paysans
de Lorestan, projet mené en parallèle avec la poursuite de ses activités internationales, notamment comme membre du Conseil exécutif de l'Unesco et membre du Conseil d'administration de l'Université des Nations unies. C'est dans ce cadre qu'il a co-écrit, sur invitation de l'Unesco et avec Edgar Faure et quatre autres
personnalités internationales du monde de l'éducation, le livre Apprendre à être (Fayard/Unesco, 1972), étude qui a permis à l'Unesco de lancer son programme d'éducation permanente.
Invité par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) à diriger son programme de développement au Mali, il y est resté trois ans, après quoi il a été chargé par la même organisation de mettre sur pied son premier programme de développement de base du PNUD à l'échelle mondiale.
En 1985, il a pris sa retraite des Nations Unies pour se consacrer à l'écriture et à l'enseignement, en particulier aux États-Unis où il a souvent été invité (notamment à l'Université de Californie à Berkeley, à Stanford et à Pitzer Collège) à donner des cours et à organiser des séminaires sur la pauvreté, le développement et l'éducation. Il vit aujourd'hui en France.
A noter, parmi ses derniers ouvrages publiés en français et en anglais : Le Nord perdu (en collaboration avec Gilbert Rist et Gustave Esteva), Lausanne, Éditions d'En-Bas, 1992 ; The Post Development Reader, Londres, Zed Books, 1997.

 

Concours de Poèmes : Beauté

 

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