Idée Je ne sais pas moi-même comment est venue lidée de faire ce livre
car je me suis toujours intéressé à lédition depuis mon enfance.
Je crois quà part lintérêt général,
cest vraiment après avoir pris ma retraite des Nations Unis en 1985 que jai
eu envie de me pencher sérieusement sur la publication dun livre. Vers la fin de
mon mandat à lONU le responsable de lUnita qui savait mon intéressement à
la pauvreté ma demandé un rapport sur la pauvreté, thème qui faisait
lobjet dune conférence quil préparait. Il me donnait 6 mois pour le
faire. Jai accepté de lui concevoir le rapport tout en lui faisant savoir que je ne
savais ce quétait la pauvreté. Je lui ai donc demandé de poser mes doutes par
rapport à la pauvreté. Cest vraiment à ce moment précis que je réfléchissais
sur ce quétait la pauvreté. Je savais que le mot couvait quelque chose mais plus
japprofondissais le sujet plus je voyais quil évoquait des sujets très
différents. Javais de la peine à prendre les pauvres pour des bons à rien. Je
naimais pas cette espèce de confusion qui était toujours établie entre la
pauvreté et la misère. Après avoir fait ce rapport je lai laissé dans les
tiroirs des Nations Unis car je touchais à des points sensibles dont javais des
doutes. Jai reçu ensuite une bourse dun an du Centre international de
recherche et de développement. Cétait une bourse très intéressante puisque je
navais aucun engagement pour lorientation de mon travail. Au cours de ce
travail jallais dans toutes les directions. Dans les université anglo-saxonne quand
on vous invite à donné des cours alors que vous navez pas de formation
académiques, à partir du moment ou le corps enseignant décide que tel sujet est
intéressant et quil y a suffisamment détudiants que cela intéresse, vous
avez libre cours de donner la orientation que vous désirez à votre cours. Jai
alors enseigné presque continuellement sur la pauvreté et chaque fois le cours avait une
dimension différente. Un moment donné je ne voulais plus faire de livre sur ce sujet
jusquau jour je me suis décidé à my mettre sérieusement. Et lorsque
léditeur ma proposé de publier le livre jai du refaire tout le
travail. Voici lhistorique du livre.
Différence
Cela mévoque le monde tel quil est, avec toute
sa diversité et ses différences.
Communauté
Cest le cur de ce que jappelle la
pauvreté conviviale, cest à dire toutes les sociétés où le monde est conçu
comme celui de labondance.
Partage
C'est la plus belle qualité humaine représentée un mot
très riche.
Pouvoir
Cest pour moi linverse de ce lon appelle
généralement pouvoir cest à dire le fait dautres gens arrive à changer la
conduite dautres personnes. Ce nest pas le fait dexercer mais la nature
de ce qui fait que quelquun met en uvre pour changer la conduite des autres.
Pauvreté
Cest un mode de vie basé sur léthique de
vivre en partageant des manières de dire et de faire des choses mais aussi ce que
lon a en commun.
La pauvreté est une condition sociale qui est aussi
étrangère à la condition des pauvres, que lest laprès-développement dans
le cas dune population diagnostiquée comme sous-développée. Il y a autant de
conditions différentes de la pauvreté quil y a dhumains. Les pauvres sont
souvent pris comme un sujet de manque. Or si lon prend cette approche, tout le
monde, sans exception souffre dun manque. Par conséquent, tout le monde peut être
considéré, dune manière ou dune autre, comme pauvre.
Historiquement, la pauvreté a représenté des conditions
très différentes dans les sociétés humaines. Pendant des millénaires, cette
conditions était inexistante. Les gens étaient pauvres selon nos critères, mais ils ne
se considéraient pas comme pauvres. La pauvreté est une invention de la civilisation et
nous avons assisté à un passage de ladjectif au substantif.
Je distingue quatre formes principales de
pauvreté qui sont bien définies dans mon livre.
- La pauvreté volontaire qui représente un choix libre et
éclairé pour un mode de vie basé sur une éthique de simplicité, de frugalité et de
respect pour le prochain. Elle exprime le désir de se libérer de toute forme de
dépendance matérielle qui, selon le choix et le sujet de ce choix, risquerait de nuire
à son plein-être. Cette pauvreté représente une forme suprême de richesse, synonyme
dune autre idée de liberté, dautonomie et de nécessité. Cest une
libération de tout asservissement et dépendance. Cest la pauvreté comme
lexpression de liberté. Lexemple le plus révélateur est celui du Christ.
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- La pauvreté conviviale qui repose généralement sur une
vision religieuse du monde et sur une économie morale dont les particularités dépendent
des sociétés qui lont nourrie. Elle puise sa force principale dans les richesse
créées et partagées par les membres dune communauté à travers les rapports
quils établissent entre-eux et avec leur environnement naturel et physique. Les
membres dune société conviviale ne représentent pas des individus au sens moderne
du terme. Dans la société conviviale, le monde nest pas conçu comme celui de la
rareté, mais celui de la baraka et labondance. Dans ce cas, la communauté définit
le nécessaire à partir de ce quelle peut produire. Il y a donc un contrôle des
désirs et des envies.
- La pauvreté modernisée est le fait dune société
qui subordonne toutes activités humaines à la production de " biens
matériels " perçues comme seules sources de richesse, mais où, tout le monde
est finalement pauvre, dans la mesure où personne, pas mêmes les riches, narrivent
à satisfaire les besoins quils se sont fabriqués. La pauvreté modernisée est le
produit direct dune économie souveraine dont la croissance passe par la
colonisation de tous les rapports sociaux et culturels.
Misère
Cest le contraire de la pauvreté. Toute
lhistoire de la pauvreté est celle des rapports entre deux espaces, lespace
intérieur et lespace extérieur. Ces deux espaces sont interactifs. Cependant
cest lespace intérieur du sujet qui construit, en dernier lieu, sa pauvreté
ou sa richesse. Cest lespace intérieur que se décide ce qui est nécessaire
et ce qui est superflu à la vie, où se définissent les besoins et les manques.
Cest aussi dans cette espace que se construisent ce que jappelle les lits de
pauvreté.
La misère apparaît lorsque ces lits craquent. Lorsque
lespace intérieur sappauvrit à tel point quil ne peut plus se
construire un bouclier contre ladversité qui lui vient de lespace extérieur.
Dans le langage économique, cette misère est confondue avec la pauvreté. Elle lui est
identifiée et est définie par un manque de ressources ou de revenus de caractère
purement économique et matériel.
Économie
Léconomie moderne a complètement renversé
lordre des choses. Elle est aujourdhui appelée à produire, rien que pour
produire. Produire, pour senrichir, elle-même, donc produire, non seulement pour
tous ceux qui peuvent lui rapporter le plus dargent, mais aussi pour ceux qui ont
plus dargent. Certainement pas pour les pauvres qui ne font partie daucun des
deux groupes. La fonction principale de léconomie moderne nest pas de servir
les pauvres.
Le sens de léconomie dont dépend la pauvreté
modernisée a totalement changé par rapport à ce que ses inventeurs, les Grecs, avaient
baptisé du nom " doekonomia ". Cest une science de la
maisonnée dont la première fonction était de construire pour les besoins de la famille
et de ses proches. Plus tard, en élargissant son champs daction à des groupes
sociaux de plus en plus large tard elle a continué, pendant des siècles, à produire, en
premier lieu pour ceux qui en avaient besoin. Cette économie était là pour servir des
besoins existants et culturellement définis.
Occident
Je me demande ce quest loccident. Cest un
concept qui ne réponds à aucun des caractères de ce mots. A partir de quoi une partie
du monde est loccident ? Je prépare un livre sur tous ces mots amibes dont la
définition est orientée par rapport du soi-disant occident, je veux parler de mot comme
modernité par exemple.
Recueillis par N.A. (juin
2003)
Quand la misère
chasse la pauvreté Ed Fayard
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